Résumé
QUESTION DE L’ÉTUDE
L’apport alimentaire avant la conception est-il associé à une fécondité réduite, mesurée par un délai plus long jusqu’à l’obtention d’une grossesse (TTP – «time to pregnancy») ?
RÉPONSE SOMMAIRE
Une consommation plus faible de fruits et une consommation plus élevée de produits de la restauration rapide au cours de la période préconceptionnelle ont toutes deux été associées à un TTP plus long.
CE QUE NOUS SAVONS
Plusieurs facteurs liés au mode de vie, tels que le tabagisme et l’obésité, ont été systématiquement associés à un TTP plus long ou à l’infertilité, mais le rôle du régime alimentaire avant la conception chez les femmes reste peu étudié. Des aliments ou des habitudes alimentaires plus saines ont été associés à une meilleure fertilité. Cependant, ces études se sont concentrées sur les femmes déjà diagnostiquées ou recevant des traitements pour l’infertilité, plutôt que sur la population générale.
CONCEPTION DE L’ÉTUDE, TAILLE, DURÉE
Il s’agissait d’une étude de cohorte multicentrique basée sur la grossesse portant sur 5628 femmes nullipares ayant des grossesses uniques à faible risque qui ont participé à l’étude Screening for Pregnancy Endpoints (SCOPE).
PARTICIPANTS/MATÉRIEL, CADRE, MÉTHODES
Au total, 5598 femmes ont été incluses. Les données sur le TTP rapporté rétrospectivement et l’apport alimentaire avant la conception ont été collectées lors de la première visite d’étude prénatale (14 à 16 semaines de gestation). Les informations alimentaires pour le mois précédant la conception ont été obtenues à partir de questions posées par une sage-femme chercheuse, sur la fréquence alimentaire concernant les fruits, les légumes à feuilles vertes, le poisson et les produits de restauration rapide. L’utilisation de traitements de fertilité associés à la grossesse en cours a été documentée (oui, n = 340, non, n = 5258). Des modèles de temps de défaillance accélérée avec une distribution log-normale ont été réalisés pour estimer les ratios de temps (TR), avec IC à 95%. L’impact des différences d’apport alimentaire sur l’infertilité (TTP > 12 mois) a été comparé à l’aide d’un modèle linéaire généralisé (distribution de Poisson) avec des estimations de variance robustes, avec les risques relatifs (RR) et les IC à 95% qui en résultent. Toutes les analyses ont été contrôlées pour une gamme de facteurs confondants maternels et paternels. Des analyses de sensibilité ont été menées pour explorer les biais potentiels communs aux études de TTP.
PRINCIPAUX RÉSULTATS – RÔLE DU HASARD
Une consommation plus faible de fruits et une consommation plus élevée de produits de la restauration rapide étaient toutes deux associées à de modestes augmentations du TTP et de l’infertilité. Les différences absolues entre les catégories de consommation de fruits et de restauration rapide les plus faibles et les plus élevées étaient de l’ordre de 0,6 à 0,9 mois pour le TTP et de 4 à 8% pour l’infertilité. Par rapport aux femmes qui consommaient des fruits ≥ 3 fois/jour, les effets ajustés de la consommation de fruits ≥ 1 à < 3 fois/jour (TR = 1,06, IC à 95% : 0,97 à 1,15), 1 à 6 fois/semaine (TR = 1,11; IC à 95% : 1,01–1,22) ou <1 à 3 fois/mois (TR = 1,19, IC à 95% : 1,03–1,36), correspondaient à des augmentations de 6, 11 et 19 % du TTP médian (Ptrend = 0,007). De même, par rapport aux femmes qui consommaient de la restauration rapide ≥ 4 fois/semaine, les effets ajustés de la consommation de produits de la restauration rapide ≥ 2 à < 4 fois/semaine (TR = 0,89, IC à 95% : 0,81 à 0,98), 0 à 2 fois/semaine (TR = 0,79; IC à 95% : 0,69–0,89) ou pas de restauration rapide (TR = 0,76, IC à 95% : 0,61–0,95), correspondaient à des augmentations de 11, 21 et 24% du TTP médian (Ptrend <0,001). Concernant l’infertilité, par rapport aux femmes qui consommaient des fruits ≥3 fois/jour, les effets ajustés de la consommation de fruits ≥1 à <3 fois/jour, 1 à 6 fois/semaine ou <1 à 3 fois/mois correspondaient à une augmentation de 7, 18 et 29% du risque d’infertilité (Ptrend = 0,043). De même, par rapport aux femmes qui consommaient de la restauration rapide ≥ 4 fois/semaine, les effets ajustés de la consommation de produits de la restauration rapide ≥ 2 à < 4 fois/semaine, >0–<2 fois/semaine, ou pas de restauration rapide, correspondait à un risque d’infertilité réduit de 18, 34 et 41% (Ptrend <0,001). La consommation de légumes à feuilles vertes ou de poisson avant la grossesse n’était pas associée au TTP ou à l’infertilité. Les estimations sont restées stables dans toute une série d’analyses de sensibilité.
LIMITES, MOTIFS DE PRUDENCE
La collecte de données alimentaires reposait sur un rappel rétrospectif et portait sur une gamme limitée d’aliments. Les données sur l’alimentation paternelle n’ont pas été collectées et le risque de confusion résiduelle ne peut être éliminé. Par rapport aux études prospectives sur le TTP, il s’avère que ces dernières sont sujettes à un certain nombre de sources de biais potentielles.
IMPLICATIONS PLUS LARGES DES RÉSULTATS
Ces résultats soulignent l’importance de prendre en compte le régime alimentaire avant la conception en vue des résultats en matière de fécondité et des conseils fournis avant la conception. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour évaluer une gamme plus large d’aliments et de groupes alimentaires au cours de la période préconceptionnelle.
FINANCEMENT DE L’ÉTUDE/INTÉRÊT(S) CONCURRENTIEL(S)
La base de données SCOPE est fournie et entretenue par MedSciNet AB (http://medscinet.com). L’étude australienne SCOPE a été financée par le Premier’s Science and Research Fund du gouvernement sud-australien (//www.dfeest.sa.gov.au/science-research/premiers-research-and-industry-fund). L’étude néo-zélandaise SCOPE a été financée par le New Enterprise Research Fund, la Foundation for Research Science and Technology ; le Conseil de la recherche en santé (04/198) ; le Evelyn Bond Fund et le Auckland District Health Board Charitable Trust. L’étude irlandaise SCOPE a été financée par le Health Research Board of Ireland (CSA/2007/2 ; http://www.hrb.ie). L’étude UK SCOPE a été financée par la subvention NEAT du National Health Service (Neat Grant FSD025), le Biotechnology and Biological Sciences Research council (www.bbsrc.ac.uk/funding; GT084) et le Proof of Concept Funding de l’Université de Manchester (University of Manchester); le Guy’s and St. Thomas’ Charity (King’s College London) et le Tommy’s charity (http://www.tommys.org/ ; King’s College de Londres et Université de Manchester) ; et Cerebra UK (www.cerebra.org.uk ; Université de Leeds). Le L.E.G. bénéficie du soutien du National Health and Medical Research Council (NHMRC) Early Career Fellowship (ID 1070421). Le L.J.M. bénéficie d’une bourse du SACVRDP, un programme financé en collaboration par la National Heart Foundation, le ministère de la Santé d’Australie du Sud et le South Australian Health and Medical Research Institute. Le L.C.K. bénéficie d’une subvention du programme Science Foundation Ireland for INFANT (12/RC/2272). Le C.T.R. a bénéficié d’une bourse du National Health and Medical Research Council (NHMRC) Senior Research Fellowship (GNT1020749). Il n’y a aucun conflit d’intérêts à déclarer.
NUMÉRO D’ENREGISTREMENT DE L’ESSAI
Sans objet.
Mots clés : apport alimentaire, consommation de restauration rapide, consommation de fruits, groupes alimentaires, délai d’obtention d’une grossesse, fertilité, étude rétrospective
Sujet : grossesse régime fertilité aliments fruits infertilité mères conception restauration rapide
Partie thématique : Infertilité
Source: https://academic.oup.com/humrep/article-abstract/33/6/1063/4989162?redirectedFrom=fulltext