Notre blogueur invité, le Dr Gary Harton, est renommé dans le domaine de la génétique reproductive, où il a effectué toute sa carrière. Dans cet article de blog, il vous présentera les bases, l’histoire, les avantages, les débats et ce qui reste à déterminer en matière de tests génétiques préimplantatoires dans le cadre de la procréation assistée.
Pourquoi ne pas se contenter de choisir le prénom ?
Les tests génétiques préimplantatoires des aneuploïdies, désormais appelés PGT-A, sont utilisés dans le secteur clinique, dans le domaine des technologies de la procréation médicalement assistée (PMA), depuis plus de 20 ans. Vous vous demandez le pourquoi de ce « désormais appelés » ? Contrairement à Prince, ce test ne souhaite pas être connu sous le nom de « test anciennement connu sous le nom de… ». La technique que je décris a été baptisée diagnostic génétique préimplantatoire (PGD), dépistage de l’aneuploïdie, dépistage génétique préimplantatoire (PGS), dépistage complet des chromosomes (CCS) et de bien d’autres noms. Pas étonnant que le public pense que les généticiens sont des gens étranges, nous n’arrivons pas à décider de l’appellation d’un simple test ! Comment un patient peut-il espérer comprendre la technologie si nous ne pouvons pas tous l’appeler de la même manière ?
Commençons par le commencement
Avant de pouvoir parler d’autre chose, nous devons comprendre un peu la génétique et les embryons. Les humains possèdent 23 paires de chromosomes, 22 chromosomes étiquetés de 1 à 22 par ordre décroissant de taille et une paire de chromosomes sexuels parfois appariés (XX) et parfois incompatibles (XY).
N’hésitez pas à y aller de votre propre blague sur les hommes, les chromosomes incompatibles et tous les problèmes que cela crée pour notre « espèce ». En général, lorsqu’un embryon devient un embryon, il possède un ensemble parfaitement assorti de 23 paires de chromosomes totalisant 46 chromosomes au total, un chromosome de chaque numéro hérité de sa mère (maternels) ou de son père (paternels).
Considérez-le comme une paire de boucles d’oreilles : il vous en faut deux pour avoir une parure. Un embryon comprenant un jeu de chromosomes non appariés est aneuploïde. Tout le monde a déjà entendu parler des syndromes créés lorsqu’un embryon a un nombre inégal de chromosomes, comme le syndrome de Down (trisomie 21) ou le syndrome de Klinefelter (XXY), mais saviez-vous que les embryons peuvent avoir un chromosome supplémentaire ou manquant de N’IMPORTE QUEL numéro, et que la grande majorité de ces embryons ne s’implanteront pas ou seront évacués lors d’une fausse couche ?
L’hypothèse de l’aneuploïdie
L’hypothèse du PGT-A est simple, du moins c’est ce que je pense. Voilà ce qui se passe : si un humain créent un grand nombre d’embryons aneuploïdes (voir ce manuscrit comme un exemple) et que les embryons aneuploïdes sont rarement destinés à aboutir à des naissances vivantes normales (nous en parlerons plus tard, mais cliquez ici pour voir les données), alors le dépistage de l’aneuploïdie chez les embryons au cours des cycles de PMA avec transfert sélectif uniquement des embryons considérés comme euploïdes (ayant le nombre correct de chromosomes) devrait entraîner de meilleurs résultats chez les patients.
Encore une fois, si l’on utilise l’exemple des boules d’oreilles : La plupart des gens préfèrent avoir une paire de boucles d’oreilles, à moins de n’avoir qu’une seule oreille, ce qui est une toute autre histoire.
Nous sommes allés plus loin que vous ne le pensez avec les tests génétiques…
D’accord, cela fait beaucoup ; peut-être devrions-nous faire une pause ici pour réfléchir un moment, ou peut-être le temps de prendre un verre et d’oublier ce que vous venez de lire ! C’est naturel d’être surpris par tout cela, je pense que l’idée de tester les embryons pour détecter les gains ou les pertes de chromosomes peut surprendre le commun des mortels. J’ai toujours pensé que si je demandais à 100 personnes dans la rue quand sera-t-il possible de prélever des cellules sur un embryon vivant et tester ces cellules pour détecter des anomalies génétiques, la plupart d’entre elles répondraient dans 5 à 10 ans ! Cependant, la réalité est que nous sommes en mesure de tester les embryons pour détecter les maladies génétiques, avant de les transférer dans l’utérus de la mère, depuis 1991 !
…mais cela fait encore débat.
La réalité concernant le PGT-A est que tout le monde ne trouve pas cette hypothèse aussi si séduisante que cela. En fait, non seulement de nombreux professionnels de la santé pensent que le PGT-A doit encore faire ses preuves, certains pensent même qu’il est MAUVAIS pour les patients ! Comment une technologie proposée aux patients depuis plus de 20 ans peut-elle encore faire débat ? Le fait est que dans le domaine médical, prouver que quelque chose fonctionne n’est pas chose facile, et coûte très cher. Nous voici donc avec une technologie qui semble géniale (du moins est-ce mon opinion) et qui a fait l’objet d’un certain nombre d’articles évalués par des pairs, publiés dans des revues scientifiques très respectées montrant qu’elle fonctionnait comme prévu, et qui pourtant fait encore débat. Ce débat a récemment pris un nouveau souffle avec la publication de rapports faisant état d’embryons diagnostiqués après un test PGT-A comme étant aneuploïdes, mais aboutissant, suite à leur transferts, à la naissance d’un enfant normal. Comment est-ce possible ?
Alors, qu’en est-il des embryons mosaïques ?
Découvrez une nouvelle réalité des embryons, les embryons mosaïques. Au « bon vieux temps » du PGS, nous avions deux types d’embryons, les embryons euploïdes (bons) et aneuploïdes (mauvais). Maintenant, pour rendre les choses encore plus compliquées, nous avons un troisième type d’embryon, l’embryon mosaïque (pas nécessairement bon, mais pas nécessairement mauvais pour autant). Lorsqu’on évoque un embryon mosaïque, il suffit d’imaginer les tesselles d’une mosaïque.
Tout le monde a eu l’occasion d’observer des mosaïques composés de tesselles de couleurs ou de textures différentes, créant une image plus grande. Récemment, il est devenu clair que certains embryons ont cette structure. Ils ne sont peut-être pas composés d’autant de tesselles, mais il semble que ces embryons puissent renfermer des cellules comprenant un nombre pair de jeux de chromosomes (euploïdes) et d’autres cellules avec un nombre de jeux de chromosomes différent (aneuploïdes).
Lorsque l’on détecte un embryon mosaïque, il est très difficile de savoir exactement quoi faire. Lorsque nous effectuons le PGT-A, seule une très petite partie de l’embryon est utilisée pour le test. En effet, le reste de l’embryon doit rester intact afin qu’il puisse éventuellement être transféré ultérieurement dans l’utérus de la mère. Ainsi, la découverte d’une mosaïque dans un échantillon de PGT-A ne renvoie qu’à un très petit sous-ensemble des cellules qui composent l’embryon. Aujourd’hui, la plupart des tests PGT-A sont réalisés à un stade avancé du développement de l’embryon, où les cellules se sont différenciées entre celles qui constitueront le fœtus et celles qui constitueront le reste de l’implantation. Les cellules que nous prélevons pour réaliser la biopsie et les tests sont celles qui formeront plus tard le tissu amniotique et chorionique.
La vérité absolue sur le mosaïcisme n’a pas encore été révélée.
Cette troisième catégorie de résultats a créé beaucoup de buzz dans le domaine et beaucoup plus de problèmes pour les patients et les cliniciens qui les prennent en charge. La réalité est qu’à l’heure actuelle, nous avons une compréhension limitée des embryons mosaïques. Dans le monde de la fertilité, il est rare d’apprendre une « nouvelle de dernière minute », mais c’est la dernière fois que nous nous en sommes rapprochés, en très longtemps. Pour un intéressant aperçu sur ce thème, consultez cette revue et à ce débat, tous deux récemment publiés dans Fertility and Sterility.
Nous savons que quelques centaines d’embryons diagnostiqués comme étant mosaïques grâce aux tests PGT-A ont été volontairement transférés et signalés. Nous savons également que parmi tous les embryons signalés jusqu’à présent, les enfants les plus âgés ont moins de 2 ans. Enfin, nous savons que le test PGT-A n’est pas réalisé dans la plupart des cycles de FIV effectués dans le monde ; des milliers d’embryons mosaïques sont dont potentiellement transférés chaque année dans le monde. Encore une fois, il est peut-être temps à ce stade de prendre une profonde respiration.
Qu’en est-il du futur?
Cet article serait inutile, à mon avis, si je ne donnais pas un plan ou une orientation future sur ce que nous avons l’intention de faire à propos de ces embryons mosaïques. L’année dernière, une section spéciale a été consacrée, dans Fertility and Sterility, aux embryons mosaïques. Vous pouvez consulter ici, de manière plus approfondie, les problèmes et les connaissances actuelles sur les embryons mosaïques. La partie la plus importante de cet article, à mon humble avis, se trouve à la fin, lorsque les auteurs appellent les scientifiques, les cliniciens et les patients à travailler ensemble pour mieux comprendre la question des embryons mosaïques et les résultats du transfert de ces embryons au cours du processus de traitement de PMA. À ce jour, il n’existe aucune base de données ni collaboration entre spécialités, mais je reste convaincu que c’est la seule voie à suivre.
En ce qui me concerne, je suis pleinement convaincu que les embryons mosaïques existent et qu’un sous-ensemble d’embryons mosaïques, s’ils sont transférés, peuvent aboutir et aboutissent effectivement à des naissances vivantes normales. En fin de compte, toutes les données que j’ai vues jusqu’à présent montrent que la majorité des embryons diagnostiqués comme euploïdes et aneuploïdes sont réellement diagnostiqués correctement, et que les embryons diagnostiqués comme mosaïques ne représentent qu’une petite minorité de tous les embryons testés. Que faire des embryons mosaïques et comment suivre les embryons mosaïques transférés sont les questions pour lesquelles, je pense, il n’y a pas de réponse claire. En fin de compte, je suis un scientifique et je ne peux être vraiment convaincu de quoi que ce soit par l’examen de ces données. La meilleure chose que nous puissions faire à l’avenir est de créer une base de données unique dans laquelle toutes ces données pourront être stockées et consultées/évaluées par ceux qui travaillent dans le domaine afin de mieux comprendre l’avenir du PGT-A et des embryons mosaïques.
Source: https://blog.vitrolife.com/togetheralltheway/pgt-a-and-mosaicism-the-good-the-bad-and-the-ugly