Stine Agergaard Holmboe, Lærke Priskorn, Tina Kold Jensen, Niels Erik Skakkebaek, Anna-Maria Andersson, Niels Jørgensen
Human Reproduction, deaa089, https://doi.org/10.1093/humrep/deaa089
Publication : 19 juin 2020
Résumé
QUESTION DE L’ÉTUDE
L’utilisation de cigarettes électroniques et de tabac à priser est-elle associée à la fonction testiculaire, comme cela a été démontré précédemment pour les cigarettes conventionnelles et la marijuana ?
RÉPONSE SOMMAIRE
L’utilisation de cigarettes électroniques est associée à une qualité réduite du sperme, mais pas à un taux de testostérone sérique plus élevé que celui observé avec les cigarettes conventionnelles. L’utilisation du tabac à priser n’est pas associée à des marqueurs de la fonction testiculaire.
CE QUE NOUS SAVONS
Si le tabagisme a déjà été associé à des taux de testostérone plus élevés et à une qualité altérée du sperme, l’influence de l’utilisation de cigarettes électroniques ou de tabac à priser sur la fonction testiculaire n’a pas encore été démontrée.
CONCEPTION DE L’ÉTUDE, TAILLE, DURÉE
Cette étude transversale basée sur la population a inclus 2008 hommes consommant des cigarettes ou de la marijuana (inscrits entre 2012 et 2018), parmi lesquels 1221 hommes consommaient également des cigarettes électroniques et du tabac à priser (inscrits entre 2015 et 2018).
PARTICIPANTS/MATÉRIEL, CADRE, MÉTHODES
Les hommes (âge médian 19,0 ans) de la population générale ont fourni un échantillon de sperme et de sang et ont rempli un questionnaire sur leur mode de vie, comprenant des informations sur leur comportement tabagique. Les associations entre différents types de tabagisme (cigarettes électroniques, tabac à priser, marijuana et cigarettes) et les hormones de la reproduction (testostérone totale et libre, globuline liant les hormones sexuelles, LH, œstradiol et ratios inhibine B/FSH, testostérone/LH et testostérone libre/ LH), ainsi que les paramètres du sperme (nombre total de spermatozoïdes et concentration de spermatozoïdes) ont été examinés à l’aide d’analyses de régression linéaire multiple ajustées pour tenir compte des facteurs de confusion pertinents.
PRINCIPAUX RÉSULTATS – RÔLE DU HASARD
Environ la moitié des hommes (52%) fumaient la cigarette, 13% utilisaient des cigarettes électroniques, 25% prenaient du tabac à priser et 33% consommaient de la marijuana. Les utilisateurs de cigarettes électroniques et de marijuana étaient souvent aussi des fumeurs de cigarettes. Comparés aux non-utilisateurs, les utilisateurs quotidiens de cigarettes électroniques présentaient, dans les analyses ajustées, un nombre total de spermatozoïdes significativement inférieur (147 millions contre 91 millions), tout comme les fumeurs quotidiens de cigarettes (139 millions contre 103 millions). En outre, des taux de testostérone totale et libre significativement plus élevés ont été observés chez les hommes fumeurs de cigarettes (respectivement 6,2% et 4,1% de testostérone totale plus élevée et 6,2% et 6,2% de testostérone libre plus élevée chez les fumeurs quotidiens et les fumeurs occasionnels, respectivement, par rapport aux hommes non-fumeurs), mais pas parmi les utilisateurs de cigarettes électroniques. Les consommateurs quotidiens de marijuana avaient des niveaux de testostérone totale 8,3% plus élevés que les non-utilisateurs. Aucune association n’a été observée pour le tabac à priser par rapport aux marqueurs de la fonction testiculaire.
LIMITES, MOTIFS DE PRUDENCE
Nous ne pouvons pas exclure que nos résultats puissent être influencés par une confusion résiduelle due à des facteurs comportementaux non ajustés. Le nombre d’utilisateurs quotidiens de cigarettes électroniques étant limité, les résultats devraient être reproduits dans d’autres études.
IMPLICATIONS PLUS LARGES DES RÉSULTATS
Il s’agit de la première étude humaine indiquant que non seulement le tabagisme, mais également l’utilisation de cigarettes électroniques sont associés à une diminution du nombre de spermatozoïdes. Cela pourrait être une connaissance importante pour les hommes qui tentent de concevoir, car les cigarettes électroniques sont souvent considérées comme moins nocives que la cigarette conventionnelle.
FINANCEMENT DE L’ÉTUDE/INTÉRÊT(S) CONCURRENTIEL(S)
L’étude a été financée par le ministère danois de la Santé (1-1010-308/59), le Fonds de recherche indépendant du Danemark (8020-00218B), l’organisme ReproUnion (20200407) et le Fonds de recherche de la région de la capitale du Danemark (A6176). Les auteurs n’ont aucune information à divulguer à ce sujet.
NUMÉRO D’ENREGISTREMENT DE L’ESSAI
N/I
testostérone / habitudes tabagiques / nombre de spermatozoïdes / qualité du sperme / cigarettes électroniques